Extrait :
L'Éternité
Elle est retrouvée.
Quoi ? - L'Éternité.
C'est la mer allée
Avec le soleil.
Âme sentinelle,
Murmurons l'aveu
De la nuit si nulle
Et du jour en feu.
Des humains suffrages,
Des communs élans
Là tu te dégages
Et voles selon.
Puisque de vous seules,
Braises de satin,
Le Devoir s'exhale
Sans qu'on dise : enfin.
Là pas d'espérance,
Nul orietur*.
Science avec patience,
Le supplice est sûr.
Elle est retrouvée.
Quoi ? - L'Éternité.
C'est la mer allée
Avec le soleil.
Arthur RIMBAUD, Derniers vers (1872), dans Poésies, Gallimard, 1984, p. 108.
* orietur : "il se lève", forme du verbe latin orior, se lever (d'où l'Orient, c'est-à-dire le Levant, la direction dans laquelle le soleil se lève). On peut comprendre : pas d'aube (d'après la note de l'éditons de référence).
Questions :
1. En quoi peut-il paraître paradoxal de dire de l'Éternité : "elle est retrouvée". Pourquoi un tel vers donne-t-il satisfaction au désir ?
2. Expliquez dans quelle mesure "la mer allée avec le soleil" aurait à voir avec l'expérience de l'Éternité ?
3. Pourquoi l'Éternité ne peut-elle être conçue comme le résultat patient du progrès de la science, selon le poète ?
4. Pourquoi retrouver l'Éternité impliquerait-il de renoncer à l'"enfin", à l'espérance, à l'"orietur" ?
5. Seul l'instant rendrait-il disponible l'expérience de l'Éternité ? Expliquez un tel paradoxe en vous appuyant sur le texte.
6. Le poème éclaire-t-il la compréhension de la thèse du philosophe Wittgenstein : "celui-là vit éternellement qui vit dans le présent" (Tractatus logico-philosophique, 6.4311, Gallimard, Tel, 1986) ?
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